Cinéaste, syndicaliste, député, Sirri Süreyya Önder aimerait incarner sur la scène politique l’esprit de résistance du mouvement du parc Gezi. Avec son nouveau parti, il brigue la mairie d’Istanbul, fief d’Erdogan.
Parlementaire depuis moins de trois ans, Sirri Süreyya Önder ne manque pourtant pas d’ambitions. Le cinéaste stambouliote vient en effet de cofonder un parti qui aspire à bouleverser de fond en comble le panorama politique turc, en rassemblant la gauche et les minorités, notamment le mouvement kurde. Le HDP (Parti démocratique des peuples) vise notamment à s’implanter dans l’ouest du pays, où le parti de gauche pro-kurde BDP est peu influent. Avec à la clé un probable processus de fusion.
En sa faveur, Sirri Süreyya Önder peut faire valoir une forte personnalité et un engagement remarqué aux côtés du mouvement contestataire qui sauva, au printemps dernier, le parc de Gezi des bulldozers de l’AKP. C’est d’ailleurs lors de la prochaine municipale de mars à Istanbul que cet intellectuel de 51 ans essuiera les plâtres pour sa jeune formation, en tentant de faire vaciller le parti gouvernemental dans son fief stambouliote.
Tour à tour apprenti photographe, syndicaliste, prisonnier politique dans les années 1980, acteur, réalisateur, éditorialiste, Sirri Süreyya Önder a fait son entrée en politique lors des élections législatives de 2011. Elu sur la liste du parti pro-kurde BDP (Parti pour la paix et la démocratie), le néo-député se fait vite remarquer par son style décontracté, son franc-parler et un sens de l’humour qui détonnent dans le paysage politique turc.
En mai et juin dernier, quand la jeunesse stambouliote occupe la rue pour défendre le parc Gezi contre un projet de centre commercial et de mosquée, Sirri Süreyya Önder est un des rares hommes politiques présents aux côtés des activistes. Face à l’offensive médiatique du premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour discréditer les manifestants, il se fait le relais de leurs aspirations démocratiques sur les plateaux de télévision. Au parlement, il va même jusqu’à exhiber sa blessure au ventre, due à l’impact d’une cartouche de gaz lacrymogène, pour dénoncer la violence policière.
Avec un Erdogan affaibli, Sirri Süreyya Önder se dit prêt désormais à incarner une alternative aux politiques néolibérales et nationalistes des partis qui dominent la Turquie depuis des décennies.