Géorgie 1918-1921: la révolution oubliée (Le Courrier)

La Géorgie fête le centenaire de sa première république: un court intermède d’indépendance entre la fin de l’Empire russe et la soviétisation. Cette expérience inspire une nouvelle génération.

«Vive les jeunes, vive la Géorgie!» Des applaudissements nourris accompagnent ces mots qui résonnent en français dans l'auditorium 107 de l'Université d'Etat de Tbilissi (TSU). Ils sont prononcés par Redjeb Jordania, 96 ans, venu participer à une conférence dédiée aux 150 ans de la naissance de son père Noé Jordania, le président de la République Démocratique de Géorgie, décédé en 1953 en exil en France.

Proclamée le 26 mai 1918, l'indépendance prend fin moins de trois ans plus tard avec l'invasion de l'Armée Rouge et la création de la République Socialiste Soviétique de Géorgie le 25 février 1921. La nation caucasienne attendra jusqu'en avril 1991, soit plus plus de 70 ans, pour recouvrir sa liberté. Encore aujourd'hui, ce court intermède entre l'Empire Russe et l’URSS est mal connu en Géorgie même si, à l'approche du centenaire, l'intérêt populaire s'est accru.

Après la conférence, Irakli Iremadzé, tout sourire, prend une photo avec Redjeb Jordania. Ce jeune chercheur de 26 ans est le responsable du Centre pour la République Démocratique de Géorgie de la bibliothèque de l’Université TSU, créé en 2015. «Pour marquer le centenaire, nous allons publier six ouvrages sur la Première République et ses personnalités », affirme-t-il. Celles-ci sont toutes issues du parti social-démocrate géorgien qui a dominé la vie politique locale durant ces trois années.

Pour Irakli Iremadzé, faire mieux connaître la Première République est plus qu'une mission professionnelle ou académique. Avec d'autres jeunes socialistes, il a fondé la Société Fabienne de Tbilissi en 2014 : « Même aujourd'hui quand on parle de socialisme, les gens pensent d'abord au système soviétique. Lorsque nous communiquons, nous nous appuyons sur une expérience tout à fait géorgienne, sur le vrai socialisme qui a existé dans ces années 1918-1921 ! » 

La suite dans le journal Le Courrier.