Patrimoine moderne dans les Etats post-soviétiques, héritage en perdition? (Tracés)



Cirque de Chisinau - Copyright Frédéric Chaubin

Le bloc soviétique a éclaté voici plus de 20 ans, le mur de Berlin est tombé. Que faire de l’immense leg architectural de l’URSS? L’abandonner? Le détruire? Le détourner? Le conserver? Les nouvelles élites de la Russie ou des pays d’Europe orientale, du Caucase et d’Asie centrale sont face à ce choix. Les reliques d’un passé controversé peuvent-elles devenir des monuments historiques?


L’architecture soviétique est généralement associée aux banlieues monotones hérissées de barres grises ou aux gigantesques monuments conçus dans la plus pure ligne du réalisme socialiste si chère à Staline. Le champ de l’architecture soviétique est pourtant vaste, surprenant et souvent méconnu en Occident. Bien peu de travaux analytiques se sont intéressés à ce continent enfui, même si des blogs entiers d’amateurs de ruines sont dédiés aux carcasses d’usines, aux monuments fous ou autres édifices mégalos gisant de l’autre côté de l’ancien rideau de fer. 

L’ouvrage collectif Patrimoine et architecture dans les Etats post-soviétiques publié au printemps dernier aborde de manière transversale les enjeux contemporains du patrimoine archéologique ainsi que le statut patrimonial des monuments et de l’architecture soviétiques. L’historienne Taline Ter Minassian, coordinatrice de la publication, note dans l’introduction : « Comme un archéologue qui s’intéresse à la civilisation romaine en étudiant le limes, les villes, les monuments ou les rites funéraires, l’historien peut s’appliquer à identifier les sites, le bâti, les objets, les symboles témoignant d’un fond commun d’institutions, de modes de production, et de références idéologiques, politiques et esthétiques témoignant de l’existence d’une civilisation. »